Cela pourrait commencer comme une sonate imaginaire d'Hindemith. Les premières pages du premier
mouvement en donnent d'ailleurs l'illusion :
mélodie modale, accompagnement en accords de quarte, mouvement ternaire et tranquille,
modulations par enharmonies.
Mais cette atmosphère relativement sereine est vite rompue par les élans jazzy du piano
tandis que le violon demeure seul
dans sa douce rêverie. Au fil des mesures, les deux interprètes finissent par se réconcilier
au sein d'un allegro ludique et déluré. Avec concision, le final du mouvement opère la synthèse
de toutes ces ambiances d'apparence contradictoires.
D'un tout autre ton, la deuxième partie de l'oeuvre est placée sous le signe de la mélancolie douloureuse.
Encadré par une barcarolle douce-amère au ton de ré mineur, le développement est un long crescendo
vers un lyrisme diatonique sur lequel plane l'esprit de Charles Koechlin. Le mouvement se conclue
en sourdine, dans la solitude des double-cordes du violon.
La dernière partie propose d'emblée une musique percussive, voire agressive, où les accords sont répétés
jusqu’à saturation. Le mouvement prend alors son élan sur des gammes-fusées aux modes ambigus et laisse
place à une succession de variations rythmiques où vitalité et énergie sont les maître-mots.
Tout en conservant cette vitalité fondatrice, le final propose une détente harmonique
où les chromatismes antérieurs s’estompent avant de se refermer sur la répétition des accords initiaux.