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Peter Pan

pour récitant et orchestre - 2011 - opus 27a

Découvrir le roman initial de James Matthew Barrie, c’est aller puiser à la source du mythe de Peter Pan pour en renouveler totalement notre vision. Outre le fait qu’on y rencontre un personnage inquiétant, assez éloigné de la vision manichéenne de Disney (Peter est dangereux pour son entourage car il est aussi attachant qu’irresponsable), la richesse des idées de Barrie ainsi que sa virtuosité à les mettre en forme font de ce conte un formidable compagnon de notre imaginaire collectif. La progression dramatique rigoureuse ainsi que les tableaux peints par Barrie sont autant d’éléments qui ont fait écho à ma sensibilité de compositeur.

C’est pourquoi, à la lecture du livre, j’ai immédiatement imaginé une œuvre qui saurait « mettre en sons » les images décrites par l’auteur, en décupler les sensations, élargir notre perception de ce monde foisonnant et proposer un environnement musical personnel, riche et diversifié. D’emblée, j’ai compris que l’œuvre devrait être partenaire du texte tout en conservant son autonomie musicale propre. C’est la raison pour laquelle j’ai imaginé écrire la pièce dans deux versions parallèles : l’une mélangeant texte et musique sous forme de mélodrame, l’autre sous forme de poème symphonique sans récitant.

L’une des forces de Barrie est d’avoir su créer un monde de contrastes forts, tant sur le plan des personnages que sur celui des événements.

Le trio formé par Peter, Wendy et Crochet est à lui seul un réservoir inépuisable d’idées musicales qui n’a d’égal que les tableaux successifs du récit : le lagon des sirènes, le bateau des pirates, le territoire des peaux-rouges !

La musique s’attache donc à épouser, voire décupler ces contrastes par des matériaux thématiques clairement identifiables, des orchestrations diversifiées et rutilantes, des ambiances ou des clins d’œil s’adressant aux petits comme aux grands. Mais le talent de Barrie va plus loin. A plusieurs reprises, il mélange réalité et fiction, change de style de narration d’un chapitre à l’autre ; tantôt il décrit l’action au premier degré, tantôt il se distancie de ses personnages pour mieux les commenter, tantôt il s’adresse directement au lecteur. C’est cette diversité des outils narratifs qui stimule ma créativité et me semble être la source d’une grande variété de traitement musical.

Aussi, la musique, sans négliger d’être l’illustration des séquences clefs du texte (voyage vers le Pays imaginaire, combat avec les pirates etc.), est également la compagne des émotions de l’auditeur, la commentatrice de certaines mises en situation, voir une trame sonore en décalage avec le récit quand la construction dramaturgique le suggère.

Bien sur, mon inspiration prend appui sur les chefs d’œuvres du poème symphonique. Les pièces de Richard Strauss (Ainsi parlait Zarathoustra, Une vie de héros), Moussorgski (Une nuit sur le mont chauve), Dukas (L’apprenti sorcier) ou bien encore Ravel (Schéhérazade) sont autant de références qui croisent mon tempérament de créateur et attisent ainsi mon langage musical propre.
Il s’agit donc d’une œuvre tout à la fois nouvelle et référencée, exigeante et accessible, qui saura, je l’espère, restituer la puissante magie du roman de Barrie et en renouveler l’enchantement.

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Contes

Texte d’Eric Herbette
2222 / 2220 / perc (2) / timb / pno (cél) / hpe / cord
Composition : 14 juillet 2011
Création : 10 mars 2011
Orchestre de région Avignon-Provence
Direction, Samuel Jean
Durée : 65 minutes
(11 mouvements)
Éditions Jobert

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