Coups de vents sur Debussy 

Les eaux filigranes Op. 43
pour quatuor à cordes et orchestre d'harmonie
[30:03]

Coups de Vents Wind Orchestra - Orchestre
du Pas-de-Calais
Quatuor La Filature Musicale
Violons, Ayako Tanaka et Thierry Koehl
Alto, Raphaël Aubry
Violoncelle, Fabrice Bihan
Direction, Olivier Penard

Enregistrement live : 26 mai 2018 à Arras
Parution : septembre 2021

Label Marianne Mélodie


Réf. 8659.443
durée totale : [01:09:02]

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Les eaux filigranes se propose de relever un double défi : Réunir deux formations en apparence opposées au sein d'une œuvre qui rend hommage au langage Debussyste sans le pasticher. C'est ainsi que naît ce projet de poème symphonique en forme de concerto pour quatuor à cordes et grand orchestre d'harmonie. Du concerto, l'oeuvre ne conserve que la découpe en trois mouvements enchainés. En complément, l'utilisation d'une triple gamme (chromatique, par ton et par 7ème diminuée) donne naissance à un mode spécifique dont les transpositions sont réduites, et qui assure l'unité de la pièce entière.

Mouvement le plus vaste de l'oeuvre, Eaux mêlées s'inscrit dans une progression harmonique rigoureuse qui va crescendo depuis les premières mesures quasi chambristes jusqu'au tutti fortissimo. Ici, quatuor à cordes et orchestre constituent une matière sonore indissociable où la hiérarchie habituelle du concerto ne se fait pas sentir. Le mouvement est ainsi traversé de mélismes tour à tour poétiques et mystérieux où la sensualité des lignes génère une forme de nostalgie tendue. Le mode principal y est entendu sous sa forme la plus simple ou bien superposé à ses propres transpositions. Tonalité, modalité ou bien encore polytonalité s'y conjuguent ainsi avec naturel jusqu'à atteindre une forme de saturation.

C'est alors que Eaux duales prend son essor. Seul allegro de l'oeuvre, la musique propose d'emblée une ambivalence thématique ainsi qu'une alternance métrique qui irrigueront l’ensemble du mouvement. Du scherzo, la musique conserve son énergie ternaire, ses volutes fantasques où la virtuosité est également partagée entre quatuor et orchestre. De l'allegro binaire sont conservés la vigueur du contrepoint, la précision des contours rythmiques, le franc dynamisme des impacts orchestraux. Peu à peu, le quatuor à cordes se dégage de la masse sans pour autant se distinguer comme soliste à part entière. Le mouvement s'achève d'ailleurs par un grand interlude d'orchestre où toutes les forces des pupitres sont engagées dans une grande récapitulation thématique aux allures de bacchanale.

Dernier mouvement de la pièce, Eaux mémorielles impose subitement le silence et travaille sur le souvenir. De cette interruption soudaine émerge un très bref motif en forme de triolets (confié au violoncelle du quatuor) dont on ignore encore la fonction. Plus loin, les quatre solistes occupent enfin une position prépondérante et donne à entendre un long mouvement lent où l'expressivité douce-amère nous invite à méditer. C'est alors que l'orchestre est peu à peu réintroduit et que les triolets introductifs révèlent enfin leur secret en citant le choral final de La mer. L'oeuvre se conclue alors dans une vaste péroraison toute empreinte de lumière et de sérénité.

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