catalogue
Quatuor à cordes n°3
2024 - opus 61
Ce quatuor à cordes aurait pu s'appeler Rituel(s) tant son matériau, réduit à minima, est au service d'une forme solidement structurée, mettant en avant la répétition, évoquant une sorte de théâtre sacré.
Il en résulte une musique dont l'apparente austérité cache en fait des enjeux dramatiques résolument expressifs.
Quatre séquences constituent ce quatuor :
Personnage principal de toute la pièce, c'est l’alto solo qui inaugure ce mouvement intitulé Seuils. Les intervalles faussement symétriques de son chant, lesquels sont présentés dans la plus grande régularité rythmique, font l'objet d'une « mise en canon » de tout le quatuor, donnant ainsi lieu à des frictions angoissées. La tension croissante des instruments trouve alors son climax dans les trois coups portés fortissimo par le quatuor, sous forme de violents accords : Une brèche a été ouverte, le rituel peut commencer. L'alto sort alors de sa solitude et conclue le mouvement en questionnant le silence.
Quatre accords diversement renversés ponctuent l’ensemble de la deuxième séquence intitulée Voyages.
Le premier de ces voyages est bruyant, percussif, mécanique (à la manière d'un Ligeti) et est entièrement écrit pizzicato.
Plus rêveur, dans une atmosphère presque tendre, le deuxième voyage donne la part belle aux glissandi doucereux et à la polytonalité.
Le dernier voyage est celui du statisme, celui d'une flamme de bougie crainte pour son ardeur mais contemplée dans le recueillement.
Par contraste, le troisième mouvement, Parjure, est un moment d'effroi. Conjuguant percussion (pizz Bartok), clusters et bariolages frénétiques, c'est le seul véritable allegro de la pièce, entièrement tourné vers des visions suscitant la terreur.
Enfin, le dernier mouvement est une vaste Méditation. L'alto solo fait à nouveau entendre ses plaintes mais elles sont à présent encadrées par les harmonies intimes et bienveillantes des trois autres instruments. C'est alors le temps d'une longue marche quasi funèbre qui conduit à une péroraison tout à la fois empreinte de tragique et de lumière. La coda qui s'ensuit s'éteint progressivement, avec les sourdines, oscillant entre tendresse et ascèse.
Quatuor
Composition : 25 novembre 2024
Non créé
Durée : 20 minutes
(4 mouvements)
Non édité